Gagnante du Prix littéraire du Gouverneur général en traduction anglais-français 2023!

L’annonce est tombée ce matin comme une petite neige folette dans un ciel étincelant : «Dans l’ombre du soleil», ma traduction du remarquable essai d’Esi Edugyan, remporte le Prix littéraire du Gouverneur général en traduction de l’anglais vers le français 2023.

Voici ce qu’en dit le jury : « Dans son essai, Esi Edugyan porte un regard lumineux et effervescent sur la race et l’identité dans une langue accessible et soutenue. Grâce à sa traduction élégante, riche et surprenante, Catherine Ego reconstruit avec brio le souffle de cette œuvre d’une grande beauté poétique. Sa vision d’ensemble et son style audacieux confèrent à cet ouvrage une authenticité exceptionnelle. »
— Comité d’évaluation par les pairs : Rose Després, Marie-Thé Morin et Benoit Laflamme

Merci. C’est un très beau jour. 🙂

Éditions du Boréal; Renaud Roussel; #LivresGG2023; #LivresGG

« Dans l’ombre du soleil » finaliste aux GG 2023!

Allégresse! «Dans l’ombre du soleil», ma traduction de «Out of the Sun», brillantissime et passionnant essai sur la race et les récits d’Esi Edugyan… est finaliste aux Prix littéraires du Gouverneur général!

Prolifique et surdouée, l’autrice a notamment remporté deux fois le prix Giller. Évoquant en écho anecdotes stupéfiantes et réflexions essentielles, «Dans l’ombre du soleil» parle au cœur, ébullitionne (oui!) l’intellect, aiguise le regard… et se lit comme un roman.

Un immense merci à Renaud Roussel et à la formidable équipe des Éditions du Boréal, sans qui cette traduction n’aurait jamais vu le jour.

Et un retentissant bravo aux autres finalistes de cette catégorie «Traduction de l’anglais vers le français», quatre formidables traductrices que j’ai l’enivrant bonheur de considérer comme de vraies amies : Dominique Fortier, Luba Markovskaia, Madeleine Stratford et Marie Frankland. Joie!

https://livresgg.ca/#finalists

https://livresgg.ca/

Catherine Ego, la chargée de cours de la FEP qui donne envie de traduire la littérature

Catherine Ego aime les mots. Elle aime les lire, les dire, les écrire. Les traduire surtout. Elle aime ce qu’ils dégagent, leur poésie. Et quand elle vous parle de sa passion, cet amour est contagieux… au grand bonheur des étudiants et étudiantes qui ont la chance de suivre son cours en traduction littéraire dans le cadre du certificat de traduction II de la Faculté de l’éducation permanente (FEP). Portrait d’une chargée de cours dynamique et inspirante.

Lauréate du Prix du Gouverneur général en traduction en 2016 et doublement finaliste au Prix de traduction de la Fondation Cole, Catherine Ego est une traductrice chevronnée et reconnue. Elle a d’ailleurs été nommée traductrice attitrée de la poète officielle du Parlement du Canada, Louise Bernice Halfe – Sky Dancer, et a été récemment élue vice-présidente pour le Québec de l’Association des traducteurs et traductrices littéraires du Canada (ATTLC). Elle traduit depuis 30 ans une multitude de littératures : romans, essais, bandes dessinées, littérature jeunesse, poésie…

Ne l’imaginez pas pour autant constamment plongée dans ses livres. Celle qui a trouvé sa vocation dans l’écriture n’en est pas moins une oratrice passionnante. Très active au sein du milieu de la littérature et de la traduction, elle anime des ateliers et des causeries, présente des conférences et participe à des tables rondes. Elle est aussi conteuse, enseignante, animatrice de radio et médiatrice. Catherine Ego a également créé avec le compositeur et guitariste Arturo Parra « Paroles Égales, le théâtre pour l’oreille », un duo de musique et voix parlée pour lequel elle écrit et incarne ses textes en scène.

Les mots, une vocation

Tout commence par quelques vinyles. Catherine Ego est adolescente lorsque son grand frère lui rapporte de son voyage aux États-Unis et au Canada des disques de La Bottine souriante et d’Harmonium. La chanson québécoise la fascine aussitôt : elle y découvre une nouvelle façon de parler le français, dont elle perçoit vite la richesse et la profondeur, mais aussi un peuple qui s’affirme et dont elle admire le dynamisme et la résistance.

Dès que l’occasion se présente, elle quitte sa France natale pour voyager au Québec et c’est le coup de cœur. Elle s’y sent immédiatement chez elle et sait qu’elle reviendra s’y installer. Comme elle étudie alors dans une école de commerce, c’est d’abord un MBA à l’Université Laval qui lui permet de vivre son rêve québécois. Mais elle comprend très vite qu’elle n’est pas faite pour le monde des affaires … Ce sont les mots qu’elle aime! Elle décide donc de s’orienter vers la traduction. « Je me suis réveillée un matin en me disant que je voulais être traductrice. Les deux décisions les plus importantes de ma vie – m’installer au Québec et devenir traductrice – je les ai prises comme ça, guidée probablement par mon inconscient », se rappelle Catherine Ego avec émotion.

Elle fait d’abord ses armes dans un cabinet de traduction, mais se lance vite à son compte. Elle découvre alors la traduction littéraire et s’exerce aux textes de longue haleine, 50 000… 100 000 mots. Puis, les Presses de l’Université Laval (PUL) lui proposent de traduire des essais de recherche universitaire qui aiguisent sa curiosité en élargissant ses connaissances. « La traduction de sujets d’abord obscurs et abstraits pour moi m’a permis de développer mes capacités de recherche et de mieux maîtriser mes sources pour affiner mes traductions », souligne-t-elle.

Chaque contrat ouvre à la traductrice un nouvel univers – une expérience que Catherine Ego partage avec bonheur avec ses étudiants et étudiantes du certificat de traduction II de la FEP : « Je les encourage à lire le plus possible, à se tenir au courant des enjeux de notre société pour être capables de traduire toutes sortes de textes. Pensez au traducteur du Parfum, de Patrick Süskind, qui a dû apprendre tout le vocabulaire de la parfumerie… ».

En 2014, lisant un entrefilet de trois lignes sur la thèse de doctorat de James Daschuk, qui vient d’être publiée sous le titre Clearing the Plains, elle propose tout de suite aux PUL de la traduire en français. « Personne ne pensait que cela allait intéresser qui que ce soit. Imaginez, une thèse de doctorat qui parle de microbes et de la disparition du mode de vie autochtone… Pourtant, j’y croyais, et comme j’avais déjà une belle collaboration avec les PUL, cela a fonctionné… Ma traduction a même été réimprimée trois fois en français. Comme quoi, je n’étais pas la seule que le sujet intéressait! » confie-t-elle. Elle a d’ailleurs gagné en 2016 le Prix du Gouverneur général pour cette traduction intitulée La destruction des Indiens des Plaines (PUL, 2014).

Cette nouvelle visibilité que lui offre le Prix du Gouverneur général, ainsi que les bons contacts qu’elle entretient dans le milieu de la traduction littéraire, lui permettent ensuite d’enchaîner les traductions d’œuvres de fiction et d’essais, dont notamment Birdie de Tracey Lindberg et Zolitude de Paige Cooper (Éditions du Boréal, 2016 et 2017, respectivement), NoirEs sous surveillance de Robyn Maynard (Mémoire d’encrier, 2018), Renouer avec la Terre et tout ce qui nous unit de Tanya Talaga (Éditions XYZ, 2021). Au fil des ans, Catherine Ego se spécialise en traduction de livres écrits par des auteurs autochtones ou concernant des enjeux autochtones. En plus de La destruction des Indiens des Plaines, Birdie et Renouer avec la Terre, elle traduit notamment Le Harpon du chasseur de Markoosie et Des veines du cœur au sommet de la pensée d’Aqqaluk Lynge pour la collection Jardin de givre (Presses de l’Université du Québec, 2010 et 2012, respectivement), Kagagi de Jay Odjick (Éditions Hannenorak, 2018)… Elle obtient même un certificat en études autochtones de l’Université de Montréal en 2019. En 2021, Louise Bernice Halfe – Sky Dancer, membre de la nation crie et poète officielle du Parlement du Canada, la choisit comme traductrice attitrée.

Une enseignante passionnée

Catherine Ego transmet maintenant son amour des mots et de son métier de traductrice à la relève… « Tout ce que je fais tourne autour du dire, autour de la parole écrite ou parlée. J’écris des textes, j’en traduis, je fais de la scène, je fais de la médiation, de la justice réparatrice. J’essaie d’amener les gens à se parler et à se comprendre » : une bien belle mission qui rend son enseignement d’autant plus passionnant!

Dans son cours en traduction littéraire, elle insiste surtout sur la liberté du traducteur ou de la traductrice. « La traduction littéraire est un art qui s’exerce dans un cadre dont on ne peut pas déborder, dans une contrainte très forte, mais qui offre aussi une marge de liberté dont les étudiants sont rarement conscients au début, explique-t-elle. Le traducteur ou la traductrice n’est pas un passeur inerte! C’est cette liberté que je souhaite transmettre à mes étudiants… La rigueur et le respect de l’œuvre, c’est capital, bien sûr… Mais le traducteur ou la traductrice doit aussi prendre le texte à bras-le-corps. C’est un équilibre à la fois délicat et puissant. Le traducteur ou la traductrice ne doit pas prendre trop de place, mais pas non plus trop peu – car, dans les deux cas, il trahirait l’auteur. »

Quand on l’interroge sur les qualités et les compétences nécessaires en traduction littéraire, Catherine Ego répond sans hésiter : « Le contact humain! J’aime dire que la traduction littéraire est un métier solitaire qui se fait à plusieurs. On est entouré par un écosystème : l’auteur, le correcteur, le réviseur, l’éditeur… Tous ces gens-là participent à la traduction et prennent conjointement des décisions la concernant, donc le contact humain est primordial. Sans compter qu’il faut savoir regarder le monde à travers les yeux de l’auteur ou de l’autrice pour bien rendre compte de sa parole… même si on n’est pas toujours d’accord avec lui ou elle. Et si la littérature n’est pas une histoire de contact humain, à quoi sert-elle? » conclut-elle dans un sourire. À ses étudiants et étudiantes, elle conseille donc de fréquenter les événements littéraires, de rencontrer les professionnels du milieu et de ne pas hésiter à proposer aux éditeurs les livres qu’ils souhaitent traduire.

Mais, pour être un bon traducteur ou une bonne traductrice littéraire, il faut aussi aimer et maîtriser la langue d’arrivée « dans toutes ses incarnations ». Pour cela, il faut beaucoup lire en français, toutes sortes de littératures, pour se ressourcer, se renouveler, agrandir son espace intérieur. « Pour traduire, il ne suffit pas de comprendre les mots; il faut saisir ce que l’auteur veut dire. Son texte est-il ironique, cinglant, gentil, naïf? Quel est le contexte? Contient-il des références particulières, des allusions ? Si on ne le sait pas, on passe à côté. Dans notre profession, on ne traduit pas des mots; on traduit des univers. C’est la beauté de ce métier. » Un métier qu’elle donne, en tout cas, assurément envie d’exercer.

Pour en savoir plus sur le Certificat de traduction I.

Pour en savoir plus sur le Certificat de traduction II.

Catherine Ego, la chargée de cours de la FEP qui donne envie de traduire la littérature

(UdeM, Faculté de l’éducation permanente, 7 septembre 2021)

Catherine Ego élue vice-présidente de l’Association des traducteurs et traductrices littéraires du Canada (ATTLC)

Le dimanche 13 juin, l’ATTLC a tenu sa deuxième AGA virtuelle. Plus de 30 membres des quatre catégories (étudiant·es, associé·es, de plein droit et honoraires) ont assisté à la réunion pour faire le point sur la programmation et les initiatives de l’Association au cours de l’année écoulée, ainsi que sur les projets à venir pour le cycle d’adhésion 2021-2022.

Les membres de l’Association des traducteurs et traductrices littéraires du Canada ont élu Arianne Des Rochers (vice-présidente Atlantique), Catherine Ego (vice-présidente Québec) et Nicolas Calvé (secrétaire aux adhésions) pour combler les trois postes vacants au conseil d’administration. Les résultats d’un scrutin électronique s’étant déroulé pendant l’assemblée générale annuelle de l’ATTLC ont été dévoilés à la fin de la réunion. Jonathan Kaplansky, Aimee Wall et Leilei Chen ont renouvelé leurs postes respectifs [secrétaire rapporteur, trésorière et VP Ouest] pour un autre mandat de deux ans, ce qui a été approuvé à l’unanimité par les membres.

Nous tenons à remercier Sonya Malaborza et Benoit Léger, vice-présidents sortant·es pour l’Atlantique et le Québec respectivement, pour leur service à la cause de la traduction littéraire.

Source : Bulletin de l’ATTLC, 20 juillet 2021

Voir aussi : L’équipe de l’ATTLC

Une chargée de cours de la FEP nommée traductrice attitrée de la poète du Parlement du Canada

Chargée du cours en traduction littéraire au certificat de traduction II de la Faculté de l’éducation permanente (FEP), Catherine Ego a été choisie par Louise Bernice Halfe – Sky Dancer, poète officielle du Parlement du Canada, pour être sa traductrice attitrée. Dans le cadre de ses fonctions, elle a notamment traduit deux poèmes puissants sur le drame des pensionnats autochtones.

Louise Bernice Halfe – Sky Dancer, membre de la nation crie, a choisi Catherine Ego avant tout parce qu’elle est une traductrice chevronnée et reconnue en littérature et notamment en poésie, mais aussi parce qu’elle se spécialise dans la traduction de livres écrits par des auteurs autochtones ou concernant des enjeux autochtones.

Pour la 9e poète officiel du Parlement, Catherine Ego a traduit en particulier 215 anges au moins, 1820-1979 en juin 2021, et Gardiens (Pour toute sépulture) en juillet 2021, deux poèmes inspirés par les récentes découvertes de sépultures non marquées sur les sites d’anciens pensionnats autochtones.

Spécialiste de la traduction littéraire, diplômée du certificat en études autochtones de l’Université de Montréal (2019), Catherine Ego a traduit, entre autres essais et œuvres de fiction, Le harpon du chasseur de Markoosie et Des veines du cœur au sommet de la pensée d’Aqqaluk Lynge pour la collection Jardin de givre (Presses de l’Université du Québec, 2010 et 2012, respectivement), Birdie de Tracey Lindberg et Zolitude de Paige Cooper (Éditions du Boréal, 2016 et 2017, respectivement), Kagagi de Jay Odjick (Éditions Hannenorak, 2018), Renouer avec la Terre et tout ce qui nous unit de Tanya Talaga (Éditions XYZ, 2021), ainsi que La destruction des Indiens des Plaines de James Daschuk, un ouvrage incontournable issu de la thèse de doctorat de ce spécialiste du rôle des maladies et des famines organisées dans la disparition du mode de vie autochtone (PUL, 2015). Cet ouvrage a d’ailleurs valu à Catherine Ego le Prix du Gouverneur général 2016 en traduction.

Pour en savoir plus sur le certificat de traduction I de la FEP.
Pour en savoir plus sur le certificat de traduction II de la FEP.

Une chargée de cours de la FEP nommée traductrice attitrée de la poète du Parlement du Canada

(UdeM, Faculté de l’éducation permanente, 8 juillet 2021)

La memoria del silencio

Paroles Égales, el teatro para el oído, presenta…

Una charla ilustrada sobre su recorrido de música y literatura

con: Catherine Ego, textos y voz hablada & Arturo Parra, guitarrista y compositor

Invita: Paz y Silencio –

Modera: Mercedes Abreo

Jueves 25 de Marzo, 2021 –– 6 pm hora de Colombia [7 pm hora de Montreal]

https://meet.jit.si/2021-03-25Lamemoriadelsilencio

Réplique: les traductions françaises de Markoosie

Article reproduit dans la revue TRAHIR, 22 février 2021

Par Catherine Ego, traductrice littéraire

Ce court texte, d’abord publié sur Facebook, se veut une réplique à un article intitulé « Première “vraie” traduction française du Chasseur au harpon, de Markoosie Patsauq » publié sur Radio-Canada

Circule depuis quelques heures une nouvelle ahurissante : Le harpon du chasseur, de Markoosie, ferait enfin l’objet d’une « première vraie traduction française ». Or, il se trouve que j’ai moi-même traduit Le Harpon il y a une dizaine d’années. Je tente ici de rétablir les faits et, surtout, de dénoncer un acte profondément colonialiste : retraduire en anglais un texte signé, en inuktitut et en anglais, de la main de l’auteur inuit Markoosie, en l’accusant au passage, en sous-texte, d’avoir produit un texte qui ne serait pas « vraiment » inuit…

Rappels historiques : Harpoon of the Hunter a été traduit de l’anglais vers le français deux fois avant cette traduction-ci – une fois par Claire Martin dans les années 1960 et une fois par moi-même en 2011, collection Jardin de Givre, PUQ. Or, ces traductions précédentes ne sont pas moins légitimes. Pourquoi? Parce que la version anglaise était signée de Markoosie lui-même, qui maîtrisait parfaitement cette langue, ayant d’ailleurs publié plusieurs de ses textes directement en anglais.

Le colonialisme, c’est donc d’affirmer « traduire » Le Harpon de l’inuktitut à l’anglais, car c’est dire que Markoosie aurait mal écrit son propre texte à l’époque, l’aurait mal défendu, qu’il ne possédait pas l’agentivité nécessaire pour rendre compte de son récit en anglais dans les années 1970 – et, pis encore, qu’il ne l’aurait jamais développée dans les 40 années qui ont suivi.

Markoosie a pourtant bel et bien autorisé la traduction de sa version anglaise du Harpon pour Jardin de givre en 2010, sans jamais demander à en retrancher ou à y ajouter ou préciser quoi que ce soit – ce qu’il aurait bien sûr facilement pu faire. Il était à l’époque en pleine forme mentale et physique, connaissait son texte et ses répercussions mieux que personne. Il était donc parfaitement satisfait de sa version anglaise. (Incidemment, c’est cette traduction française de Jardin de givre qui a donné un rayonnement véritablement international à son récit, puisqu’il a alors été traduit en hindi et marathi, ce dont Markoosie lui-même nous a dit être immensément heureux, car son livre dépassait enfin les frontières coloniales du Canada.)

En d’autres termes, le colonialisme ne se cache pas toujours où l’on croit, et une lecture attentive du périple du Harpon montre que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, c’est dans cette soi-disant « première vraie traduction » abondamment claironnée dans les médias et les outils promotionnels qu’il se niche.

Ce qui est « intrinsèquement colonialiste », dans le cas présent, c’est de balayer d’un revers de la main le texte d’un auteur inuit sous le motif qu’on ne le trouverait pas « assez inuit »… Le texte inuktitut et le texte anglais de Markoosie sont inuits parce qu’ils sont de la plume de Markoosie, n’en déplaise aux cotraducteurs.

Je me réjouis que Le Harpon fasse l’objet de nouveaux regards littéraires et traductionnels, tant ce texte est riche et puissant. J’ai d’ailleurs souvent dit, dans des conférences ou des cours universitaires, qu’il avait été traduit deux fois et le serait sans doute encore à plusieurs reprises, et que ce serait très bien ainsi. Mais clamer qu’il s’agit ici de la première « vraie traduction française » est insultant et mensonger.

Cette manipulation de l’information dans un but commercial et publicitaire n’est digne ni d’Espaces autochtones (Radio-Canada), ni du très beau livre de Markoosie, ni, surtout, de l’auteur Markoosie lui-même.


2 réponses à “Réplique: les traductions françaises de Markoosie

  1. VH 26 février 2021 à 23:38 Catherine Ego a parfaitement raison de dire qu’il existe deux traductions françaises de Harpoon of the Hunter (1970), mais ce n’est pas le texte que nous (Mahieu et Henitiuk) avons traduit. Notre texte source est une version antérieure du récit, en inuktitut, par le même auteur. La traduction d’Ego est magnifique (comme nous l’écrivons dans notre commentaire), mais il n’en reste pas moins qu’elle se fonde sur une version très différente et très remaniée du récit d’origine de Markoosie Patsauq. Cela résulte des pratiques qui avaient cours à l’époque en matière d’édition des auteurs autochtones, et du fait qu’aucune histoire n’est jamais rendue de la même façon dans deux langues (y compris par le même auteur), surtout quand l’une des langues est dominante et l’autre dominée. Et oui, Markoosie avait toutes les raisons d’être fier de Harpoon of the Hunter, qui reste cinquante ans après le plus grand succès de librairie de McGill-Queen’s University Press. Mais Markoosie était également très heureux que quelqu’un prenne enfin le temps de lire l’histoire qu’il avait conçue à l’origine pour les lecteurs inuit. Toute personne intéressée par les « faits » est vivement encouragée à lire notre édition critique, incluant une analyse et une contextualisation, ainsi que l’histoire d’origine en inuktitut (syllabique et alphabétique), suivie de nos traductions rigoureuses en anglais et en français. Notre ouvrage contient aussi une longue introduction de Markoosie expliquant la genèse de son travail. https://www.mqup.ca/uumajursiutik-unaatuinnamut—hunter-with-harpoon—chasseur-au-harpon-products-9780228003588.php?page_id=107509& Réponse

2. Catherine Ego 28 février 2021 à 21:25 Le problème, Valerie*, ainsi que je le souligne dans mon commentaire, c’est que votre version est présentée dans les médias comme étant la première «vraie» traduction.
Je ne reprendrai pas mon commentaire point par point ici, mais je réaffirme qu’il est infantilisant d’avancer que la version anglaise de Markoosie, qu’il a maintenue jusqu’à la fin de sa vie, et dont il était, ainsi que tu le soulignes d’ailleurs, très fier, serait moins «légitime» que la version en inuktitut. C’est faire bon marché de la latitude littéraire de l’auteur Markoosie au profit d’une réduction de sa personne à son seul être inuit/«inuktitutophone». Markoosie avait absolue liberté de retoucher son manuscrit en le traduisant (encore une fois, dans une langue qu’il maîtrisait parfaitement), ainsi que le fait actuellement une Niviaq Korneliussen, par exemple, autrice affirmée qu’on ne peut certes pas soupçonner de se laisser manipuler par de méchants éditeurs complaisants à l’égard du colonisateur.
Jardin de Givre a offert à Markoosie toute latitude de retoucher sa version anglaise quand je l’ai traduite, il y a dix ans, et il a choisi de ne pas le faire. Cette décision littéraire de l’auteur Markoosie ne doit pas être présentée comme une abdication face aux éditeurs. C’était un choix assumé de sa part.
Ainsi que Markoosie l’écrit dans l’avant-propos qu’il a rédigé (à la main, s’il vous plaît!) pour l’édition Jardin de givre de 2011 : « Je l’ai écrite [cette histoire] pour qu’elle reste vivante ». Les traductions antérieures ainsi que la publication du texte en inuktitut par Jardin de Givre, qui faisait là œuvre pionnière, ne l’oublions pas, ont gardé cette histoire en vie. Il est injuste qu’elles soient présentées comme des trahisons – d’autant plus, je le répète, que la version anglaise de Markoosie n’est pas moins légitime que sa version inuktitute.
Je tenais à apporter ces rectifications, par considération envers les gens qui ont « gardé cette histoire en vie » jusqu’ici avec sérieux, avec respect, avec rigueur, et par égard pour la mémoire de l’homme libre et de l’auteur qu’était Markoosie. [*Je me permets ici de continuer ici à t’appeler par ton prénom et à te tutoyer, puisque nous nous sommes rencontrées il y a quelques années et avons ensuite échangé plusieurs courriels à ta demande, car tu voulais alors m’interroger sur mon processus de traduction de Markoosie. (Je ne sais pas si ton projet de retraduction était déjà sur les rails à l’époque.)] Réponse

Double nomination pour le Prix de traduction de la Fondation Cole / Quebec Writers’ Federation!

Bonheur immense!!! Je suis l’heureuse récipiendaire de deux nominations pour le Prix de traduction de la Fondation Cole / Quebec Writers Federation

… pour «Zolitude», formidable recueil de nouvelles de Paige Cooper (Éditions du Boréal, 2019)

et

… pour «NoirEs sous surveillance», indispensable essai de Robyn Maynard sur la discrimination anti-NoirEs au Canada (Mémoire d’encrier, 2018).

Le nom du ou de la lauréat.e sera annoncé le 4 novembre 2020 à 19h… sur la chaîne YouTube de la QWF — pandémie oblige!

Les deux heureux finalistes du Prix de traduction de la Fondation Cole / QWF 2020!

Panache de mer [« Astas de mar »] – avec sous-titres espagnols!

[español más abajo]

[FRANÇAIS]
À l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, Paroles Égales a le bonheur de vous offrir sa nouvelle pièce, « Panache de mer » (“Astas de mar”) – un texte et une musique bruissant de feuilles, de branches et d’océan… Une création à tire d’aile depuis Montréal et Bogotá…
… en version originale française ici : https://www.youtube.com/watch?v=ZFs-7xpluyk
… et avec sous-titres espagnols ici : https://www.youtube.com/watch?v=21XO1ioT2gY 
Texte et voix : Catherine Ego
Composition et interprétation guitare : Arturo Parra

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[ESPAÑOL]
Celebrando el Día Mundial del Medio Ambiente, Paroles Égales tiene el placer de ofrecerles su nueva obra, “Astas de mar” (“Panache de mer”) – un texto y una música con ecos sonoros de hojas, de ramas y de océano… Una creación en dúo desplegado desde Montreal hasta Bogotá…
… aquí, con subtítulos en español: https://www.youtube.com/watch?v=21XO1ioT2gY
Texto y voz hablada: Catherine Ego
Composición e interpretación: Arturo Parra

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Panache de mer [VO française]

En confinement dans leurs villes respectives, Montréal et Bogotá, et à l’invitation de la maison d’édition Mémoire d’encrier, Catherine Ego et Arturo Parra lancent avec fougue dans le cyberespace une toute nouvelle pièce de leur duo Paroles Égales : «Panache de mer» (version courte).